Quand les Yankees ont échangé Gary Sanchez aux Twins cet hiver, c’était la fin d’un chapitre dans le Bronx. Sanchez, un produit de l’organisation, avait fait rêver les partisans en raison de sa grande puissance, mais son incapacité à faire contact avec la balle et ses lacunes défensives l’ont finalement poussé en dehors de New York.
Le plan derrière le marbre était donc assez clair pour les Yankees en 2022 : Kyle Higashioka devait assumer le rôle de partant tandis que Ben Rortvedt, acquis dans la transaction de Sanchez, devait l’épauler.
Or, Rortvedt s’est blessé avant le début de la campagne, et ça a forcé les Yankees à faire une transaction qui semblait, à prime abord, assez mineure : ils ont échangé le lanceur Albert Abreu aux Rangers en retour d’un receveur, Jose Trevino.
Et alors qu’Abreu a déjà été largué par les Rangers (il est désormais dans l’organisation des Royals), Trevino, lui, s’est emparé du poste de receveur #1 dans le Bronx, et ce, de façon assez convaincante.
Au Texas, Trevino était reconnu comme étant un excellent receveur défensif, et ça n’a pas changé dans le Bronx. En date d’aujourd’hui, celui qui a toujours été reconnu comme un spécialiste du framing (déplacer légèrement son gant pour obtenir des appels de prises de la part des arbitres) est encore parmi les meilleurs de la ligue cette année.
Non, ce n’est pas un hasard de voir tous les partants des Yankees connaître une saison de rêve cette année. Trevino est un morceau important de l’équation.
Or, sa réputation de frappeur au Texas était bien moins glorieuse. En gros, il était l’exemple typique d’un receveur qui ne contribue pas offensivement, mais qui compense par son excellence sur le plan défensif. Tout le contraire d’un gars comme Gary Sanchez.
Cette année, par contre, Trevino a démontré qu’il est capable de contribuer offensivement. À ses 18 derniers matchs, par exemple, c’est assez frappant, lui qui a maintenu une moyenne de .440 en plus de frapper cinq circuits et de produire 15 points.
Est-ce que je vous ai dit qu’il fait oublier Gary Sanchez à New York?
Et même sur l’entièreté de la saison, c’est une moyenne au bâton de .309 et une MPP (OPS) de .861 pour Trevino. C’est une production offensive presque identique à celle d’Alejandro Kirk, mais le gradué de l’université Oral Roberts fait partie de l’élite à la position sur le plan défensif.
Mais même si ses chiffres au bâton sont assez éloquents, c’est surtout le fait qu’il soit clutch qui fait en sorte qu’il se démarque. Trevino est l’un des deux joueurs des Majeures qui ont obtenu deux coups sûrs qui ont mis fin au match (et donné la victoire à son équipe) cette saison, l’autre étant Gleyber Torres.
Le premier était le jour de l’anniversaire de son père, décédé il y a quelques années (et avec qui il s’imaginait toujours porter l’uniforme des Yankees, l’équipe de son enfance, durant sa carrière), et le deuxième était vendredi dernier, le jour où son fils Josiah célébrait ses 4 ans. Le sens du timing, comme on dit.
Ses performances sur le terrain font de lui un favori de la foule, mais son amour pour les Yankees est également un aspect important. Trevino a grandi en étant un partisan de l’équipe du Bronx et il ne s’en est jamais caché, il aime le club et il a toujours rêvé de jouer pour eux.
Dans les dernières années, je ne me souviens que de très peu de joueurs qui étaient aussi heureux que lui de jouer dans le Bronx, sincèrement.
Il était notamment présent pour l’avant-première du documentaire sur Derek Jeter, et comme il le note, c’était surtout une occasion pour lui de rencontrer son héros de jeunesse (lui qui était aussi content de le rencontrer, d’ailleurs).
Il y a plusieurs belles histoires dans le Bronx depuis le début de la saison, que ce soit la saison exceptionnelle d’Aaron Judge, la dominance de Nestor Cortes Jr. et de Clay Holmes ou même la « moustache magique » de Matt Carpenter, mais celle de Trevino passe trop souvent sous le radar, et pourtant, il est l’un des principaux artisans des succès des Yankees.
On se revoit au Match des étoiles, Jose? En tout cas, il n’aura pas volé sa place s’il est retenu (et, pour être franc avec vous, il a mon vote sans aucun doute).
