Il y a deux semaines, nous nous sommes penchés sur pourquoi les amortis sacrifices ont disparu du baseball. Cette semaine, nous allons donc utiliser le même raisonnement pour étudier pourquoi les vols de buts ont connu un déclin depuis les années 1990.
Le déclin des vols de buts
Si vous regardez des matchs de baseball et que vous comparez le baseball de 2019 et le baseball de 1980, beaucoup de choses ont changé. Notamment, les buts volés, mais surtout les essais de buts volés, sont beaucoup plus rares en ce moment qu’ils ne l’étaient auparavant. Regardons exactement de la forme de ce déclin :
Pour ce qui est du pourcentage de réussite, avec moins de buts volés, on peut s’attendre à ce que les équipes choisissent plus prudemment les moments où ils vont voler des buts. Donc, le pourcentage de réussite a augmenté avec le déclin du nombre d’essais :
Les équipes essaient donc d’être plus intelligentes dans leur utilisation du vol de but. On observe notamment le dépassement la barre du 71 % que nous allons voir est très important.
Matrice d’espérance de points
Si vous avez lu le texte sur les amortis sacrifice, sautez à la prochaine section. Ceci est seulement un rappel de la matrice d’espérance de points, car elle sera utile pour le reste du texte.
Le système à la base de la révolution des « Analytics » dans le monde du baseball depuis l’ère de « Moneyball », la matrice d’espérance de points, est utilisé pour analyser plusieurs situations du jeu comme l’amorti sacrifice et le vol de but.
En résumé, la matrice d’espérance de points fait une moyenne de tous les points comptés après une certaine situation pour donner la quantité de points que l’équipe au bâton peut s’attendre à compter. Voici cette matrice pour les évènements de 2010 à 2015 :
Donc, en regardant cette matrice, au début d’une manche, une équipe doit s’attendre à compter en moyenne 0.481 point. Si le premier frappeur frappe un double, l’équipe va donc en moyenne marquer 1.1 point et ainsi de suite. Bref, en regardant la matrice, l’équipe au bâton peut savoir combien de points en moyenne elle devrait marquer à partir d’une certaine situation.
La valeur des buts volés
Donc, en regardant la matrice d’espérance de points, on peut savoir quelle est la quantité de points à laquelle l’équipe peut s’attendre avant et après un but volé et selon s’il a réussi ou non. Voici un vol du deuxième but avec un retrait à titre d’exemple :
Espérance de point avec un coureur au premier but et un retrait : 0.509Vol de but réussi (1 retrait 2e but) : 0.664Coureur retiré (2 retraits aucun coureur) : 0.098
Donc, si le coureur est retiré, l’espérance de point tombe de 0.411 et augmente de seulement 0.155 si le coureur est sauf. Donc, quel est le taux de réussite que le coureur devrait avoir pour ne pas faire perdre d’espérance de point à son équipe? Avec une simple règle linéaire, on peut trouver le seuil de rentabilité qui est donc de 72.6 % pour cette situation (je vous épargne les calculs). Donc, le coureur doit être sauf 72,6 % du temps pour être au moins rentable à son équipe lors de son vol de but dans cette situation.
Évidemment, le nombre de retraits va changer ce seuil de rentabilité, mais aussi le risque que l’équipe prend avec ce vol de but. Voici un graphique venant d’un article de Fangraphs expliquant le même phénomène :
Donc, avec deux retraits, il est moins risqué de voler le deuxième but, mais la valeur que l’équipe gagne de ce vol est aussi plus petite. En général, on peut alors dire qu’il faut être sauf en moyenne 71 % du temps en volant le deuxième but pour ne pas faire perdre de points à son équipe.
La même chose peut être faite avec les vols de troisième but :
C’est ici que l’on comprend la règle « Ne jamais faire le 1er ou 3e retrait au 3e but », tandis qu’avec un seul retrait, le vol de troisième but est assez profitable si le coureur peut être sauf environ 70 % du temps.
Voici un graphique un peu plus spécial du vol du marbre :
Avec deux retraits, il faut un coup sûr pour compter du troisième but. Donc, il faut seulement avoir plus de chance d’être sauf sur le vol du marbre que le frappeur frappe un coup sûr, qui est donc environ 30 %.
Les vols de buts double « double steals » du deuxième et troisième but peuvent être très profitables, le seuil de rentabilité est donc plus bas, sans pour autant augmenter le risque. Voici le graphique assumant que lorsqu’un coureur est retiré, c’est celui volant le 3e but.
Comme il y a toujours au moins un des deux coureurs qui avance d’un but, le risque est plus faible. Dans le cas d’une réussite, les deux coureurs avancent ce qui ajoute plus d’espérance de points à l’équipe.
Les buts volés ont encore de la valeur
Bref, les buts volés ne vont jamais disparaître, car ils offrent une certaine valeur aux équipes (contrairement aux amortis sacrifices). Cependant, les équipes vont maintenant choisir plus prudemment le moment du vol de but pour être sauf au moins 71 % du temps (73,3 % en 2019). Cependant, si la zone de prise électronique fait son entrée dans la MLB et que les receveurs n’ont plus besoins de se préoccuper de la façon qu’ils présentent le lancer à l’arbitre, il sera peut-être plus difficile de voler des buts. Mais ceci est un problème pour un autre jour.
