L'argent ne sera plus accepté au Tropicana Field

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Maxime Lauzier

Publié le 27 janvier 2019 à 7h00

Cela semble une petite révolution pour les Nord-américains. En tant qu’Européen, je ne suis pas surpris du tout et je pensais même que les choses étaient bien plus avancées de ce côté. De quoi parle-t-on ? De la dématérialisation jusque dans nos stades, car les Rays ont décidé de bannir le cash au Tropicana Field, une première en Amérique du Nord.

Photo : ABC News

En quoi ça consiste ?

Concrètement, plus la peine de venir avec des pièces ou des billets au match. Votre carte de paiement vous permettra de tout faire. Mais ce n’est pas une permission, plutôt une obligation. C’était déjà le cas dans de nombreux stades pour payer une place de parking, mais à Tampa, ceci devient généralisé pour les boutiques souvenirs, les échoppes de boisson et de nourriture ou encore les restaurants du stade.

Est-ce que ça existait déjà ? Et ailleurs?

Pour rester dans le domaine du divertissement sportif, en France, et plus particulièrement dans le rugby, cela se fait depuis très longtemps. À Montpellier, une carte du club est nécessaire pour commander une bière. Vous la rechargez par carte bancaire quand elle vide et vous voilà avec du crédit pour autant de temps que vous mettrez à tout consommer.

Altrad Stadium à Montpellier
Altrad Stadium à Montpellier – Photo : rugby365.fr

Si vous êtes titulaire d’une carte d’abonnement, celle-ci remplit ce rôle également. Plus de caisse dans les bars ni à l’entrée du stade. En deuxième division à Aix-en-Provence, même principe : les jetons remplacent la carte et donnent droit à une consommation. Tout le cash est centralisé à la caisse à l’entrée. Plus rien après.

Au-delà du domaine sportif, je me souviens qu’en Suède où je me rends de temps en temps, on m’a souvent refusé un paiement en liquide. C’est une pratique très courante là-bas, aussi bien dans les bars que dans les restaurants. Chaque fois que j’y retourne, je retire de moins en moins de billets et je crois bien qu’ils finiront par disparaître.

Panorama of Stockholm, Sweden
À Stockholm, si vous retirez trop de billets, ils vous resteront sur les bras – Photo : larousse.fr

Pour quelles raisons?

En Suède, les établissements affichent de cette manière leur degré d’éthique financière. En gros : « on déclare tout ce qu’on gagne et on n’a rien à cacher ». Sûrement fatigués de se voir accusés de fraude fiscale ou de blanchiment, ils ont voulu montrer patte blanche.

Je ne crois pas que ce soit la seule motivation dans le cas qui nous intéresse. Les Rays de Tampa Bay, comme toutes les autres organisations qui sont passées par là, y voient une sécurité accrue pour leur personnel, un meilleur contrôle de ce qui rentre dans les caisses, et une logistique en moins à gérer.

Quels avantages et quels inconvénients pour le consommateur ?

Pour le partisan qui va au stade, c’est vraiment mieux comme ça. Plus besoin de venir avec des billets, et l’attente au bar ou pour commander à manger est divisée par deux. Car habituellement, vous mettez autant de temps à commander et à être servis qu’à payer si on doit vous rendre la monnaie, etc. Les files d’attente avancent plus vite.

File d'attente au Yankee Stadium
Une file d’attente au Yankee Stadium à New York – Photo : Tim Clayton/Corbis via Getty Images

Cela pousse un peu à la consommation (et c’est aussi ce que recherchent les Rays dans ce cas précis), mais l’expérience est plus agréable.

Pour le personnel qui travaille au stade, c’est beaucoup moins de stress, car c’est une vraie responsabilité d’avoir autant d’argent en caisse. Je suis sûr qu’ils voient cela d’un bon œil.

Certains avancent que cette décision exclut des gens qui n’ont pas de moyen de paiement. Tout le monde en a un en Europe et je suis surpris de lire que certains en sont dépossédés en Amérique. Les Rays ont trouvé la parade en mettant en place le même système de carte dont je parlais plus haut. On inverse la pratique habituelle : avant vous passiez votre carte pour obtenir des billets. Maintenant, c’est l’inverse : vous donnez des billets et vous remet une carte prépayée similaire aux cartes-cadeaux que l’on connaît tous.

Une tendance inévitable…

La dématérialisation est en marche et elle ne s’arrêtera pas. Pour toutes les raisons évoquées plus haut, d’autres stades s’y mettront, mais aussi vos vendeurs de vêtements, vos magasins d’alimentation ainsi que ma boulangerie du coin (même pour payer une baguette de pain).

Certains diront qu’on cherche à nous contrôler et que c’est l’un des moyens pour avoir l’œil sur ce que chacun consomme. Je n’ai pas d’avis tranché là-dessus, mais une chose est sûre : préparez-vous à sortir votre carte bancaire de plus en plus souvent.

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