Vous êtes un amateur de baseball et vous désirez en apprendre plus sur les différents lancers? Ou vous êtes simplement un analyste à la grosse voix pour qui tous les tirs sont une balle cassante? Cette chronique est pour vous!
Mon dada, c’est le pitching, j’adore analyser cette phase du jeu plus que tout. Chaque lanceur possède son répertoire de tirs et sa motion bien à lui.
Mon but aujourd’hui est de tenter de démystifier presque tous les tirs possibles qu’un lanceur peut offrir. Je vous donnerai aussi leur traduction en anglais. Commençons donc par le commencement.
Pour moi, il y a trois familles de lancers principaux et une 4e catégorie dans laquelle j’inclus tout le reste des lancers, comment dire… un peu plus funkys.
Numéro 1: Les balles rapides
Il y a, à mon sens, quatre sous-catégories différentes de balles rapides. Chacune d’entre elles ayant une prise de balle différente et un mouvement différent. Il est à noter que toutes les balles rapides sont lancées avec une rotation arrière (backspin).
La quatre coutures (Four Seam Fastball)
La balle de feu, la garnotte, la pilule, le plomb… Appelez-la comme vous voulez, c’est le tir le plus rapide d’entre tous. La première chose qu’on apprend lorsque l’on veut jouer au baseball, c’est de prendre la balle à quatre coutures. Cette prise permet de générer une rotation arrière sur la balle et d’en réduire son mouvement le plus possible, car le chemin le plus court entre le point A et le point B, c’est en ligne droite!
Pour ceux qui ne seraient pas au courant, Aroldis Chapman a une bonne rapide à quatre coutures.
La deux coutures (Two Seam Fastball)
La rapide à deux coutures est de 1 à 3 MPH plus lente que la quatre coutures. Cette prise de balle provoque un léger mouvement horizontal de gauche à droite pour un lanceur droitier. C’est une variation très facile à apprendre pour un jeune lanceur.
Bartolo Colon survit encore dans les Ligues majeures simplement grâce à sa deux coutures.
La tombante (Sinker)
La rapide tombante, ou simplement la tombante, est un lancer de plus en plus répandu. Comme la deux coutures, elle a un peu moins de puissance, mais est très efficace pour un lanceur qui tente de provoquer des roulants ou des balles à double jeu. Cette forme de rapide a un mouvement plus vertical que la deux coutures et a tendance à vouloir passer sous le bâton du frappeur. Ce lancer est très utile pour un partant, car il permet d’obtenir des contacts de moins bonne qualité de la part des frappeurs tôt dans le compte pour gaspiller moins de lancers sur ceux-ci.
La coupée (Cutter)
Mariano Rivera l’a popularisé à son maximum. Il a réussi à se bâtir une carrière uniquement avec ce lancer dévastateur. Maintenant, tout le monde veut en lancer! Le frappeur croit voir une belle balle bien droite venir vers lui, mais soudainement à la toute fin… elle vient menotter le gaucher ou disparaît de la vue du frappeur droitier (lorsque lancée par un droitier). Elle est l’inverse d’une deux coutures même si elle est bien plus difficile à maîtriser, car le lanceur devra exercer une légère pression sur la balle avec son majeur au moment de relâcher la balle. Parvenez à le lancer avec succès de façon constante et on vous reverra à la télé!
Mariano a réussi à fracasser le bâton de Ryan Klesko trois fois dans la même présence grâce à sa cutter.
Numéro 2 : Les balles cassantes
Oui, oui. Les balles cassantes existent. Le terme vient de l’anglais breaking balls qui réfère à tous les tirs lancers ayant une rotation avant (frontspin). Donc une courbe est une cassante. Une glissante est une cassante. Une sinker à 94 MPH n’est pas une cassante!
La courbe (Curveball, Knuckle-curve)
Qu’elle soit lente comme celle de Kershaw ou en puissance comme celle de McCullers, une bonne balle courbe fera plier les genoux de n’importe qui. La courbe a une trajectoire plutôt verticale et fait un bel arc. La balle sort de la main du lanceur en montant dans les airs, puis avec la puissante rotation avant, elle donne l’impression au frappeur de prendre de la vitesse en redescendant. La knuckle-curve est une version modifiée où le lanceur plie son index pour appuyer sa jointure sur la balle. Lorsqu’il est utilisé avec parcimonie, ce lancer est parfait pour déjouer le synchronisme d’un frappeur qui s’attend à la rapide.
On se régale ici d’une petite compilation de courbes lentes du meilleur lanceur au monde.
La glissante (Slider)
La majorité des lanceurs de la MLB lance la balle glissante. C’est un tir qui doit être lancé de façon agressive par le lanceur. Si on compare avec la courbe, la glissante a un mouvement plus horizontal. Le mouvement du lancer est aussi plus tardif et plus sec. Lorsqu’il est bien exécuté, il est difficile pour le frappeur d’identifier la rotation serrée de la balle. Chris Archer et Chris Sale sont des maîtres de la slider.
Chris Archer varie très bien sa quatre coutures et sa glissante.
La slurve
Je tenais à écrire quelques lignes sur la slurve. Ce mot est présentement très à la mode et il est même possible d’en lancer à MLB The Show! En réalité, on appelle slurve les balles glissantes ayant un mouvement plus prononcé que la normale. Les glissantes frisbees de Craig Kimbrel et de Yu Darvish peuvent être qualifiées de slurve.
Numéro 3 : Les changements de vitesse (Change up)
Il serait impossible pour moi d’expliquer toutes les variantes inimaginables d’un changement de vitesse. Cependant, voici la clé d’un bon changement de vitesse. Il doit être lancé avec la même force et la même action de bras qu’une rapide. La seule chose qui change est la prise de la balle. Au lieu de tenir la balle à trois doigts comme pour une rapide, le lanceur la prend avec tous ses doigts ce qui crée plus de friction au lancer. Plus de friction égale moins de vitesse!
Le circle-change (probablement la prise de balle la plus commune pour lancer un changement de vitesse), la palmball et le straight change sont tous des variantes assez répandues. Lorsqu’il est exécuté avec succès, les amateurs (et les frappeurs) ont l’impression que la balle s’ouvre d’un parachute cinq pieds avant d’arriver au marbre! Dallas Keuchel et Marco Estrada sont deux lanceurs qui se fient grandement sur un excellent changement de vitesse.
Le répertoire exhaustif de Pedro Martinez incluait un changement de vitesse quasi parfait.
Numéro 4 : Les autres
Il existe plusieurs autres sortes de lancers, un peu plus rares ou plus excentriques, qui peuvent être observés lors d’un match. Ceux-ci sont plus difficiles à catégoriser selon moi et c’est pourquoi je les ai réunis dans cette quatrième et dernière catégorie.
La balle fronde ou balle fourchette (Splitter, Forkball)
Avec Shohei Ohtani, c’est le retour en force de la balle fronde. Ce lancer nécessite de très longs doigts ou une flexibilité extraordinaire de la main est particulièrement efficace. Une splitter, c’est comme si on roulait une balle sur une longue table et puis soudainement, à la fin, la balle tombe violemment de trois pieds. C’est un tir qui est toujours très populaire chez les Asiatiques, mais qui est banni par certaines organisations de la MLB, car la prise de balle pourrait potentiellement causer des blessures. La balle fourchette est simplement enfoncé légèrement plus creux dans les doigts. Elle sera donc plus lente, mais aura plus de mouvement que la fronde.
La majorité des retraits au bâton de Ohtani se font via une rapide explosive ou la Splitter.
Le changement de vitesse Vulcain (Vulcan-change)
Cette nouvelle version de changement de vitesse tient effectivement son nom du fameux signe de salut vulcain de Spock dans Star Trek. Au lieu de lancer une traditionnelle fronde, le lanceur enfonce la balle entre le majeur et l’auriculaire. Essayez les deux prises différentes et vous sentirez immédiatement que la prise est plus confortable que la fronde. C’est plus confortable, mais aussi plus difficile à exécuter.
La balle papillon (Knuckleball)
N’importe quel fan connait ce lancer. Cette balle n’ayant aucune ou peu de rotation lancée avec les jointures danse de façon aléatoire jusqu’au marbre. Ce tir a permis à Phil Niekro, Tim Wakefield et R.A. Dickey de connaître de longues carrières. Cependant, le côté imprévisible de la papillon et le fait que lorsqu’elle ne danse pas, elle n’est rien de moins qu’une rapide de pratique au bâton. Elle a rendu plusieurs gérants fous.
La balle tire-bouchon (Screwball)
Fernando Valenzuela a mystifié plus d’un frappeur avec ce tir qui se veut être une courbe à l’envers! Grâce à une intense pronation du poignet au relâchement de la balle, Valenzuela, Juan Marichal et plusieurs autres ont réussi à lancer la balle tire-bouchon. Cependant, ce lancer est mis en cause pour avoir raccourci la carrière ou simplement réduit l’efficacité à long terme de plusieurs lanceurs et c’est pourquoi il est pratiquement disparu.
La balle arc-en-ciel (Eephus)
Plusieurs lanceurs (votre humble serviteur inclus) ont eu recours à la balle arc-en-ciel au cours des années. L’excentrique Pascual Perez des Expos l’utilisait plus que n’importe qui d’autre. Le frappeur s’attend à un puissant tir, mais il se fait servir rien de moins qu’un banal lobe. Le lanceur espère alors que le frappeur s’emballe et tente le grand coup sans succès.
J’espère que vous apprécierez encore plus toutes les différentes variantes de lancers que vous observerez dorénavant, lorsque vous regarderez une partie du plus beau sport au monde.
À la prochaine!
