La femme dans l'ombre décède à 91 ans

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Maxime Lauzier

Publié le 1 décembre 2019 à 6h02

On dit souvent que derrière tout grand homme, il y a une encore plus grande femme. Que cet adage soit vrai ou non, il l’est dans le cas présent.

Dorothy Seymour Mills est décédée à l’âge vénérable de 91 ans. Si son nom ne vous dit rien, c’est qu’il y a une histoire derrière tout ça.

https://twitter.com/Buster_ESPN/status/1201093323114635264

Mme. Mills est une grande historienne du baseball. Toutefois, il aura fallu 50 ans avant qu’elle soit créditée de son travail. En fait, c’est que cette dernière a travaillé d’arrache-pied sur une série de trois livres historiques sur le baseball avec son premier mari sans en être créditée. Pourquoi? Parce que son mari refusait catégoriquement de lui donner le crédit qu’il lui revenait.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’à cette époque, les mentalités étaient pas mal misogynes…

Dorothy a joué plusieurs rôles dans la création de Baseball : The early years (1960), Baseball : The golden age (1971) et  Baseball : The people’s game (1990).

«Personne ne peut se dire étudiant en histoire du baseball sans avoir lu ces trois tomes indispensables » – John Torn, historien officiel de la MLB

Elle a été recherchiste (elle feuilletait les archives et les librairies afin de trouver les informations nécessaires à l’ouvrage), elle a été gestionnaire de projet, écrit les manuscrits, édité les livres avant qu’ils soient soumis à la publication et préparé pour les indexes. Aussi, elle a écrit seule une grande partie du troisième ouvrage, soit 13 des 37 chapitres dus à la santé déclinante de Harold Seymour.

Alors de dire que le mérite ne revenait qu’à son premier mari est un mensonge. Et pourtant tout ce qu’on voyait, c’était un simple passage de son nom dans les remerciements.

« Glorieuse et ignominieuse à la fois : c’est ce qui caractérise mon travail avec le Dr Harold Seymour. » avait-elle écrit dans le travail d’une femme : écrire l’histoire du baseball avec Harold Seymour (2004).

Après plusieurs années, il aura fallu que M. Seymour seul soit nommé pour un prix afin que plusieurs s’insurgent.

https://twitter.com/NYTSports/status/1199764584766300160

Face à tout ça, Oxford a finalement ajouté le nom de Dorothy dans la nomination et quatre mois plus tard, en 2011, Oxford a décidé d’ajouter le nom de Dorothy Seymour Mills comme coauteure des trois livres. À partir de là, tous les livres ont été republiés avec son nom.

« C’était vraiment satisfaisant, mais j’ai toujours eu la fierté de l’avoir fait de toute façon. Surtout lorsque Harold était vivant et qu’on recevait toutes ces bonnes critiques. Je savais qu’une grande partie de celles-ci provenait en partie de mon travail. – Dorothy Seymour Mills dans une entrevue au SABR en 2011.

Après s’être battu pendant 50 ans pour avoir une reconnaissance méritée, elle aura pu en profiter durant huit ans. La femme dans l’ombre a mis son sceau sur l’histoire du baseball et personne ne doit l’oublier.

Source : NY Times

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