Josh Gibson : le «Babe Ruth» des Negro Leagues

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Maxime Lauzier

Publié le 12 janvier 2019 à 15h00

Lorsque l’on demande à l’amateur moyen de baseball (et quelques grands connaisseurs également) qui est, selon eux, le meilleur joueur de baseball de l’histoire, un nom ressort souvent : Babe Ruth. La légende du Babe est toujours vivante et nombreux sont ceux qui s’en servent en référence. Il était un frappeur de puissance qui a fait sa réputation à force de catapulter des balles hors du terrain.

Or, lorsque l’on retrace un peu l’histoire du baseball, un grand nom — peu connu du public — semble avoir été oublié lorsque l’on parle de véritable frappeur de puissance. Celui dont je vous parlerai dans ce papier est un joueur qui a véritablement marqué l’histoire du baseball sans toutefois être connu. Je parle ici du receveur Josh Gibson, qui est surnommé par plusieurs comme étant le «Black Babe Ruth», ou si vous préférez, le Babe Ruth Noir.

Pourquoi ces comparaisons?

Tout d’abord, si vous fouillez dans les registres de la MLB, vous ne trouverez jamais le nom de Josh Gibson dans un quelconque alignement de la MLB. La raison est à la fois simple et extrêmement triste : Gibson a évolué dans les Negro Leagues. Ces ligues étaient formées majoritairement de clubs qui alignaient des joueurs principalement afro-américains, et, dans quelques exceptions des joueurs d’Amérique Centrale et du Sud.

Josh Gibson avec les Crawford de Pittsburgh

Lors de son passage dans les Negro Leagues, Josh Gibson terrorisait les lanceurs adverses. Même si les statistiques dans celle-ci sont plus ou moins fiables entre les années 30 et 40, plusieurs anciens joueurs ont beaucoup de souvenirs concernant les balles que Gibson propulsait hors du terrain. Pour sur, Gibson a frappé 224 circuits dans cette ligue.

Des statisticiens se sont penchés sur le dossier pour comparer et évaluer cela en comparaison avec d’autres ligues, ou encore, d’autres époques. En gros, on arrive à ce qu’un joueur moyen compte environ 550 présences au bâton (at-bat) en moyenne par saison. Comme Gibson a frappé 224 en 2 375 présences, cela lui donne une moyenne d’environ 51 circuits par saison. À titre indicatif, Babe Ruth et Mark McGwire avaient une moyenne de 42 circuits par 550 présences.

Outre ses 224 longues balles dans les Negro Leagues, Gibson aurait porté son total à plus de 800 (certains disent même plus de 900) circuits — même si sa plaque au Temple dit «presque 800» — dans d’autres ligues professionnelles en Californie et dans les Caraïbes. Malheureusement, pour des raisons évidentes, Gibson n’aura jamais eu la chance de joueur dans la MLB, décédant à l’âge de 35 ans en 1947 , la même année où Jackie Robinson entrait dans la MLB et brisait cette fameuse barrière de la couleur.

«Le meilleur n’était pas Jackie… c’était Josh»

En avril 1947, Jackie Robison effectuait un départ historique en étant le premier joueur afro-américain à jouer dans la MLB. Larry Doby s’ajoutait à Jackie, en juillet 1947. Ce dernier a même affirmé qu’il était convaincu que Josh Gibson, en 1945 et 1946, était de loin le meilleur joueur Noir à cette époque. Doby en a même ajouté une couche en disant que c’est pour cette raison qu’il est décédé à un si jeune âge.

Une des choses qui était décevante et crève-cœur pour un bon nombre de joueurs Noirs c’était que Jackie n’était pas le meilleur joueur. Le meilleur était Josh Gibson. Je crois que c’est pour cela qu’il est mort si tôt… il était extrêmement triste.

Son héritage

Bien que très peu connu, Josh Gibson laisse derrière lui une belle histoire. En 1972, conjointement avec Buck Leonard, il a été intronisé au Temple de la Renommée du baseball rejoignant ainsi Satchel Paige comme étant introduit en se basant sur leur carrière dans les Negro Leagues.

Photo : Cooperstown

En 2000, le Sporting News a classé Gibson au 18e rang des 100 plus grands joueurs de tous les temps soit le plus haut rang pour un joueur issu des Negro Leagues. Les autres joueurs figurant dans ce top-100 sont Satchel Piage, Buck Leonard, Cool Papa Bell et Oscar Charleston.

Finalement, en 2009, une statue emblématique a été érigée au Nationals Park avec celles de Frank Howard et Walter Johnson.

C’est une superbe histoire, bien que triste au final, que celle de Josh Gibson. Plusieurs joueurs l’ayant côtoyé ou affronter s’entendent tous pour dire que Gibson aurait causé tout un tabac dans la MLB, s’il avait eu l’occasion d’y jouer. Né en 1911, Gibson s’est éteint à 35 ans en 1947. En 1943, une tumeur au cerveau lui a été diagnostiquée et il a refusé d’être opéré. Gibson a vécu les quatre dernières années de sa vie avec des maux de tête récurrents, et est décédé des suites d’un AVC. Son entourage est convaincu que cet AVC résulte des problèmes de drogues qui l’ont hanté durant les dernières années de sa vie.

C’est incroyable, quand on y pense, qu’il y a pas si longtemps, le simple fait d’avoir une peau de différente couleur nous ait empêchés de voir de si grands Hommes dans la plus grande Ligue de baseball au monde.

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