Le concept de plafond salarial est très courant dans les ligues sportives professionnelles. Mais celui de plancher salarial l’est beaucoup moins. Par plancher salarial, on parle du minimum qu’une équipe doit dépenser pendant une saison. Il existe dans la LNH, mais n’existe pas dans la NFL, ni la NBA, ni la MLS, ni dans le baseball majeur.
Dans la LNH, pour l’année 2021-2022, le plancher salarial est à 60,2 M$ et le plafond est à 81,5 M$. En imposant un plancher assez haut, les équipes sont obligées d’avoir quelques joueurs bien payés, assurant une parité relative dans la ligue. C’est tout le contraire dans la MLB.
Si on revient brièvement au plafond salarial, celui de la MLB est « mou ». Il peut être dépassé, mais l’équipe qui dépense trop aura à payer une taxe de luxe, et même pourrait avoir des sanctions si elle est trop loin en haut du plafond. En 2022, selon des projections, trois équipes (sur 30) ont dépasseront le plafond, fixé à 210 millions de dollars : les Yankees (221 millions $), les Dodgers (233 millions $) et les Mets (265 millions $). Les chiffres de ce texte sont tous en date du 26 décembre 2021.
Comparons aux trois équipes qui dépensent le moins.
Pour l’instant, en 2022, Les Guardians de Cleveland dépenseront 29,05 millions $. Là-dessus, Jose Ramirez gagnera 12 millions $, prenant ainsi 41,31 % à lui seul de la masse salariale totale. 15 joueurs des Majeures gagneront plus que la masse salariale des Guardians.
Les Orioles de Baltimore dépenseront 23,75 millions de dollars pour les joueurs actuels. Ça veut dire que 29 joueurs des Majeures gagneront plus que la masse salariale totale de Baltimore. Le joueur le mieux payé de cette équipe est Trey Mancini, à huit millions de dollars, suivi de Jordan Lyles, à six millions de dollars.
L’équipe qui dépensera le moins est les Pirates de Pittsburgh, avec une masse salariale de 21,45 millions de dollars. 35 joueurs des Majeures auront un salaire plus élevé.
Concrètement, les équipes qui ne dépensent pas se retrouvent au fond du classement. En 2021, Baltimore a terminé dernier de l’Américaine, avec une fiche de .321. Les Pirates ont terminé avant-dernier de la Nationale avec une fiche de .377.
Neuf équipes dépenseront plus de 150 millions $ en 2022, huit dépenseront entre 100 et 150 millions de dollars, 10 entre 50 et 100 millions $, et trois moins de 50 millions $. En fixant un plancher salarial à 60 millions $, la parité de la ligue serait déjà un peu mieux. Parce qu’on va se le dire, ce n’est pas facile être partisan d’une équipe qui perd tout le temps (je vote pour les Pirates, et c’est plate). Les Pirates, c’est 20 saisons perdantes de suite entre 1993 et 2012, avant d’avoir trois saisons plutôt bonnes, et de retourner dans les bas-fonds du classement par la suite.
Une autre chose qui devrait aider la parité : avoir un VRAI plafond salarial, qui ne peut pas être dépensé. Parce que si tu peux payer tes joueurs 200 millions de dollars par année, tu peux te permettre de payer la taxe de luxe.
Des gros contrats de 300 millions $ ont été offerts récemment, mais il y a toujours des équipes qui n’ont pas offert de contrats de 100 millions de dollars, dont les Pirates.
Et certains pourraient dire que les équipes qui perdent, ce n’est pas grave parce que personne veut les voir jouer. Mais, justement, c’est parce qu’ils perdent que personne ne veut les voir jouer. C’est dur d’aller voir jouer son équipe en sachant qu’elle va perdre (les Canadiens de Montréal ne réussissent même pas à remplir le Centre Bell quand ils ont le droit, pourtant ils sont populaires). En imposant un plancher salarial, les équipes deviendraient plus compétitives, ce qui à son tour amènerait plus de spectateurs, qui à leur tour donneront de l’argent aux équipes, qui pourront encore plus dépenser pour améliorer leur rendement.
Et les villes qui hébergent ces clubs méritent de gagner. En 2018, la saison où les Orioles de Baltimore ont fini la saison avec une fiche atroce de .290, j’ai été voir une partie à Baltimore. Le stade était super beau, et il y avait de l’ambiance. Imaginez une saison gagnante. Même chose à Pittsburgh. Ces villes méritent d’encourager des équipes gagnantes.
La MLB et l’Association des joueurs sont en pleines discussions pour une nouvelle convention collective et je crois qu’il serait nécessaire d’en discuter (du plancher), ne serait-ce que pour faire mousser la popularité du baseball. Ça ne sert à rien d’avoir quelques équipes très populaires, si le reste de la ligue ne l’est pas.
Pour toutes les statistiques salariales des équipes, voir ici.
