Quand on perd le "feeling"…

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Maxime Lauzier

Publié le 26 juin 2019 à 16h00

Dans le sport d’aujourd’hui, on mise énormément sur la mécanique et la répétition pour arriver au succès. De plus en plus, les instructeurs tentent de restreindre au maximum le feeling du jeu de leurs athlètes. Le feeling, c’est l’inconstance. Le feeling, c’est dans la tête.

Plus que quiconque, les lanceurs au baseball ont besoin de ce feeling pour garder confiance. Trop souvent on a eu, sous nos yeux, un lanceur qui perd complètement ses moyens. Une journée, c’est le changement de vitesse qui semble s’être égaré. Le lendemain, c’est la courbe qui ne répond plus. L’emprise sur la balle semble déphasée. La motion vers le marbre manque de synchronisme.

Comme le résume si bien le lanceur des Cubs Jon Lester: « Une journée, tu te réveilles et te sens merveilleusement bien. Arrivé au stade, tu lances un premier lancer et c’est comme si c’était la première fois que tu lançais une balle! D’autres fois, tu sens que tu ne pourrais même pas briser une fenêtre en vitre et tu lances un blanchissage. C’est la nature du baseball! »

Jon Lester
Jon Lester a perdu le feeling de sa balle courbe cette saison. C’est en continuant à la lancer qu’il croit qu’elle reviendra! – Photo: Chicago Sun TImes

La nature du baseball

La nature du baseball! J’adore cette expression! Parce que oui, le baseball est un sport où le feeling prend beaucoup de place. Un robot qu’on placerait à 60 pieds 6 pouces du marbre ne pourrait en aucun cas déjouer un frappeur des Majeures. Peu importe la programmation.

Vous me direz que c’est la même chose dans chacun des sports. En effet, tous les athlètes ont une parcelle de feeling dans leur méthode de jouer. Par contre, on peut davantage en restreindre l’impact.

Par exemple, au hockey, plusieurs systèmes de jeu écartent complètement la créativité. Au golf, on tente de diminuer au maximum les mouvements « inutiles » des jambes et des poignets. En course à pied, on met l’accent entièrement sur la technique et la respiration. On fait ces ajustements pour éviter la débandade qu’une mauvaise journée pourrait créer.

Au baseball, la ligne est tellement mince entre un bon et un mauvais lancer. Un lanceur qui a perdu le feeling de son meilleur lancer doit trouver rapidement une façon de s’en sortir. Une balle cassante qui ne casse pas ou un changement de vitesse mal exécuté peut se retrouver 400 pieds plus loin en un clin d’oeil.

Kyle Hendricks
Pour Kyle Hendricks, il suffit de croire en ses moyens pour que le feeling revienne! Photo: Minor League Ball

Chacun sa façon de s’en sortir

Selon Kyle Hendricks, un autre artilleur des Cubs, la façon d’affronter cette perte temporaire de feeling est de la prévoir et de ne pas paniquer. « Croire fermement que tout reviendra est la clé du succès. Si psychologiquement on est perdu, ça peut faire boule de neige rapidement! »

Pour la majorité des lanceurs, la meilleure façon de réagir face à un lancer qui ne répond plus aussi bien, c’est de continuer à le lancer. Surtout si c’est un lancer important dans son arsenal.

Lester n’a pas de méthode précise pour se sortir de cette impasse. « Ma balle courbe me semble étrangère cette saison! Je continue de la lancer en espérant retrouver le feeling. »

Malgré tout, les joueurs qui connaissent rarement de mauvaises sorties sont ceux qui, mécaniquement, sont les mieux préparés. La perte de sensation, lorsqu’elle se présente, est gérée adéquatement avec de bons repères et des méthodes de préparation professionnelles. Durant sa carrière, Bartolo Colon gérait ces pertes de sensation en lançant plus souvent au premier but. À chacun sa méthode! 

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