Les Royals regarderont-ils leur navire couler?

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Maxime Lauzier

Publié le 6 janvier 2018 à 13h30

Les décennies 1990 et 2000 n’ont pas été faciles pour les Royals de Kansas City. Pour le jeune amateur de baseball que j’étais, ils symbolisaient littéralement la médiocrité. Année après année, ils se battaient pour les bas-fonds de leur division, voire de la ligue. La défaite était une formalité. Un réel supplice à les regarder s’enfoncer.

Le départ à la retraite de George Brett en 1993 a représenté le chant du cygne des Royals. Le légendaire joueur de troisième but a quitté un navire qui, malheureusement, s’est échoué. Entre 1995 et 2012, les Royals ont gagné plus de matchs qu’ils en ont perdus une seule fois (2003). Un total de 17 saisons perdantes sur 18. Un coup dur pour les partisans. Mais une lueur d’espoir a finalement pris forme…

Mike Moustakas

Photo : Yard Barker

Avec le deuxième choix du repêchage 2007, ils ont mis la main sur Mike Moustakas, un joueur de troisième but à qui l’on promettait de grandes choses. Un an plus tard, ils ont repêché Eric Hosmer avec le troisième choix de l’encan. Le futur visage des Bleus.

Le 19 décembre 2010, après avoir mis sur le marché leur as Zach Greinke, ils ont transigé avec les Brewers de Milwaukee pour amener dans la ville du barbecue, entre autres, Lorenzo Cain et Alcides Escobar. Deux joueurs de position discrets au potentiel assuré.

Le coeur de l’alignement était forgé. Ce coeur qui a mené les Royals à deux participations en Série mondiale (2014 et 2015) et un championnat remporté sans équivoque en 2015. Avec un noyau de joueurs différents, mais complémentaires qui travaillaient tous dans la même direction. Pour les optimistes partisans à Kansas City, le plus beau était encore à venir, car les joueurs importants de l’équipe n’avaient toujours pas atteint leur plein potentiel…

Les Royals lors de leur conquête de la Série mondiale en 2015. Photo: CNN

Les Royals de 2018

Aujourd’hui, en 2018, j’ai peur pour les Royals. De grandes décisions devront être prises. Moustakas, Hosmer, Cain et Escobar sont libres comme l’air. Ces joueurs qui ont fortement contribué à redorer le blason de cette équipe qui représentait, n’ayons pas peur des mots, la risée du baseball majeur. Grâce à ce groupe de joueurs d’équipe inébranlables, ils ont instauré à nouveau une tradition gagnante à Kansas City. Chose qui, il n’y a pas si longtemps, semblait relever tout droit du fantastique.

S’ils abandonnent leurs efforts pour rapatrier ces joueurs, les dirigeants des Royals lancent un message bien clair à leurs partisans: « Nous apprécions votre fidélité au fil des ans, mais vous devrez vous armer de patience pour plusieurs années encore ». Les filiales ne regorgent pas de talent. Aucun de leur prospect ne figure dans le Top-100 des Majeures. Alex Gordon ralentit de saison en saison. Jason Vargas n’est plus dans les plans. Danny Duffy, bien que sympathiquement dévoué aux Royals, n’est pas un as partant. Salvador Perez ne peut certainement pas tenir le fort à lui seul.

Malgré ce que l’on entend et ce qu’on nous laisse croire, le succès des petits marchés dans le baseball majeur est véritablement précaire. Ils n’ont tout simplement pas le pouvoir de négocier face aux empires qui les entourent. Ils doivent faire des choix qui, malheureusement, les amènent à devoir se tourner vers des bouées de sauvetage pour seulement garder la tête hors de l’eau. À Kansas City, on devra probablement se résoudre à perdre notre capitaine et trois importants matelots en espérant que le navire ne coule pas trop rapidement. Parce que oui, si rien ne se produit, il coulera.

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