La mère de tous les vices

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Maxime Lauzier

Publié le 22 mai 2019 à 7h25

Soyons un peu honnêtes : le baseball comme nous le connaissons est malade. Les retraits sur des prises dépassent les coups sûrs, il n’y a jamais eu aussi peu de balles en jeu et les assistances sont en baisse constante. La Ligue tente tant bien que mal de régler des problèmes à gauche et à droite, mais rien ne semble y faire. Alors, quelle est la cause de ce mal profond ?

Selon Dave Sheinin du Washington Post, le nombre record de blessures, la longueur des matchs, le rythme du jeu, l’état du marché des joueurs autonomes ainsi que tout ce que nous avons nommé précédemment ont tous un dénominateur commun : la vitesse des lancers.

https://twitter.com/DaveSheinin/status/1130817187202174976

Des lancers comme on n’en a jamais vu

Plus de 150 années de baseball n’ont jamais vu des lanceurs aussi puissants que ceux d’aujourd’hui. Au cours des vingt dernières années, la vitesse moyenne d’un lancer a augmenté de plus de 4 MPH. Près de 75 lanceurs peuvent franchir la barre des 100 MPH, alors que seulement 11 le pouvaient il y a à peine 10 ans.

Cette évolution est le résultat d’une course à la vélocité menée par les administrations des différentes équipes. On ne peut pas les blâmer puisque c’est la meilleure solution pour contrer l’attaque. Comme le dit Ross Atkins des Blue Jays, « c’est définitivement la chose la plus difficile à frapper. […] Vous ne pouvez pas frapper la vélocité. »

Les lanceurs ont effectivement peu d’armes contre une balle à 100 MPH, à l’exception d’un long élan à l’aveugle qu’on espère bien placé avec un bon angle de contact pour frapper un circuit.

Aroldis Chapman des Yankees a franchi la barre des 105 mi/h cette saison. – Photo : Baseball Essential

La source du problème

Cette recherche de la vélocité a amené son lot de problème dans le baseball. Tout d’abord, les lanceurs se blessent plus, naturellement. Ils appliquent de plus en plus de pression sur leur bras, ce qui les mène à l’infirmerie régulièrement.

Le temps des matchs augmente et le rythme du jeu diminue aussi à cause de cela. Les gérants font de plus en plus de changements de lanceurs, car ces derniers se fatiguent plus rapidement, et qu’on ne peut pas laisser dans le match quelqu’un dont les lancers seraient moins rapides.

Les releveurs comme Kenley Jansen sont de plus en plus importants à l’ère de la vélocité. –  Photo – Getty Images

Le problème affecte même le marché des joueurs autonomes. Les joueurs de 25 ans et moins ont donc beaucoup plus d’apparitions au bâton, près du double en 2018, que les joueurs plus âgés en raison de leur temps de réaction plus court, même si ce n’est que de quelques millisecondes. Ceci a pour conséquence de réduire considérablement la valeur des joueurs au fur et à mesure qu’ils vieillissent. Le zénith d’un joueur moyen est d’ailleurs passé de 32 ans à 29 ans selon plusieurs analystes.

Des solutions

Pour contrer ce phénomène, le commissaire Robert Manfred a proposé de reculer le monticule de deux pieds. Cela donnerait plus de temps aux frappeurs pour s’élancer. Cette idée est d’ailleurs à l’essai cet été dans l’Atlantic League, un circuit indépendant.

Don Mattingly tente d’impliquer une autre mentalité à ses frappeurs. – Photo : Miami Herald

Le gérant d’expérience Don Mattingly a cependant une solution moins radicale : apprendre à mieux frapper. Selon lui, ce sont les longs élans de coups de circuit qui augmentent le nombre de retraits sur des prises et réduisent le nombre de balles en jeu. Les joueurs doivent raccourcir leur élan pour faire davantage contact avec la balle. Les coups sûrs seront ainsi plus nombreux, et les retraits dans la mitaine diminueraient. La saison nous dira s’il a appliqué sa théorie à ses jeunes Marlins de Miami.

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