Autonomie: quand la « collusion » est la seule solution

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Maxime Lauzier

Publié le 8 novembre 2019 à 15h00

Depuis le milieu de la semaine, l’Association des joueurs est sur le qui-vive. Les commentaires d’Alex Anthopoulos lors d’un appel conférence laissent croire que les propriétaires ont instauré un système de collusion pour contrôler le marché des joueurs autonomes. Si l’enquête entreprise par Tony Clark, président de l’Association, confirme cette théorie, les répercussions seront énormes, particulièrement à la veille de la négociation d’une nouvelle convention collective.

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Cependant, la collusion des propriétaires, aussi disgracieuse soit-elle, ne serait pas une surprise, mais seulement une nouvelle charge contre le principe de l’autonomie, qui, avec les années, a renversé l’équilibre des forces dans les relations de travail et creusé un profond fossé entre les propriétaires et les joueurs.

L’autonomie trop bonne pour les joueurs

Vous vous en doutez, les propriétaires n’ont jamais aimé le concept des joueurs autonomes, et ce avant même qu’il existe. Avant que le premier  joueur autonome Catfish Hunter signe son contrat avec les Yankees en 1974, les seigneurs du baseball traitaient les joueurs comme de la marchandise grâce à la clause de réserve. L’autonomie était la réponse à un siècle d’exploitation et rééquilibrait le pouvoir entre joueurs et propriétaires.

Cependant, aujourd’hui, le pouvoir a complètement changé de côté. Les contrats records et les salaires astronomiques des dernières années en sont la preuve. L’autonomie coûte extrêmement cher aux propriétaires. Avant Hunter, les joueurs de baseball gagnaient en moyenne 52 000$ par année. Dès la première année du marché des joueurs autonomes, le salaire moyen a augmenté de 41%. Après quatre ans, il avait triplé.

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James « Catfish » Hunter est devenu le premier joueur autonome en 1974. Un médiateur lui avait donné ce statut après que le propriétaire des A’s d’Oakland, pour lesquels il jouait avant 1974, ait brisé le contrat qui le liait au lanceur étoile.

Au fil des ans, chaque négociation de convention collective était l’occasion pour les propriétaires d’attaquer le marché de l’autonomie. Malheureusement, ils n’ont jamais pu en reprendre le moindre contrôle.

Rétablir l’équilibre

Si les conventions collectives d’avant 1974 favorisaient les propriétaires, aujourd’hui, elles favorisent clairement les joueurs. En fait, le balancier est rendu si loin du côté des joueurs que les propriétaires ont décidé de contre-attaquer. Ils ont tenté par tous les moyens légitimes de changer les choses. Maintenant, ils essaient les illégitimes. C’est pourquoi ils en sont rendu à comploter. La collusion est devenue leur seule solution.

Pour le bien du marché de l’autonomie, l’Association des joueurs doit mettre un peu d’eau dans son vin. En accordant un peu plus de pouvoir aux propriétaires dans ce secteur, les joueurs pourraient faire des gains dans d’autres domaines, comme l’implantation de nouveaux règlements par exemple.

Il en va du bien des joueurs, des propriétaires et du passe-temps préféré des Américains.

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