Les lanceurs « ouvreurs » : du génie!

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Maxime Lauzier

Publié le 17 septembre 2018 à 11h00

En début de saison, on prévoyait le pire pour les Rays de Tampa Bay. La formation du golfe du Mexique avait liquidé son alignement de vedettes et n’avait même pas assez de lanceurs partants pour former une rotation à cinq. Pour pallier à la problématique, la solution « temporaire » — elle dure encore aujourd’hui — de Kevin Cash, le gérant des Rays, était de tenir une «journée de l’enclos». Au cours de celle-ci, il a envoyé un releveur dès la première manche et l’a remplacé après une ou deux manches au besoin comme on le fait généralement avec un releveur. On ne parle donc plus d’un lanceur partant, mais d’un lanceur ouvreur (opener).

Cette façon de faire s’est avérée du véritable génie pour les locataires du Tropicana Field. Bien que pratiquement éliminés des Séries d’après-saison (sept matchs derrière la deuxième place de la Wild Card et déjà éliminés de leur division), les Rays connaissent une bien meilleure saison qu’on leur prévoyait. Leur fiche de 82-66 (.554) les place au troisième rang de la puissante division Est de l’Américaine. La stratégie fonctionne si bien que les A’s d’Oakland s’y sont convertis, donnant lieu samedi dernier au premier match sans lanceur partant de l’histoire des ligues majeures.

Pourquoi ça fonctionne?

Dans le podcast Morning Lineup de ce lundi, Richard Justice et Anthony Castrovince sont revenus sur ce match et les succès de la formule du lanceur ouvreur. Selon les analystes, la stratégie fonctionne pour deux raisons : elle est imprévisible et permet de s’adapter à une situation donnée.

https://twitter.com/castrovince/status/1041670844945244161

Dans le baseball, tout est devenu prévisible. Les statistiques avancées et autres observations permettent de prédire ce que chaque lanceur partant fera dans chaque scénario. Donc, lorsque l’on sait à l’avance qui il affrontera trois ou quatre fois pendant une rencontre, le frappeur étudie le rapport pré-match pour se préparer. Avec le lanceur ouvreur, il doit refaire ses devoirs sans cesse, car il affrontera trois ou quatre lanceurs différents, sans les connaitre à l’avance. Les frappeurs sont donc inconfortables d’affronter autant de lanceurs dans un match. Ce côté imprévisible donne toute sa force à la stratégie de l’équipe de la baie de Tampa.

La technique de l’enclos permet aussi à un gérant de s’adapter aux différents imprévus d’un match. Qu’il tire de l’arrière, doive protéger une courte ou une longue avance ou affronter de gros frappeurs gauchers, il est prêt à tout, car il a tous ses outils dans son coffre. Les Astros l’ont d’ailleurs très bien fait dans le septième match de la Série mondiale de 2017 en envoyant tous leurs partants dans l’enclos, même Justin Verlander. La flexibilité de la formule est une des clés de son succès.

Un vent nouveau ?

Sans dire que l’on assiste à un changement de cap dans le baseball, on voit dans la stratégie du lanceur ouvreur une ouverture intéressante dans un des sports les plus conservateurs. Kevin Cash n’est peut-être pas un génie, mais c’est un vent nouveau qui souffle doucement dans les parcs de baseball à travers les Majeures.

Source : Morning Lineup podcast

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