Il y a 22 ans aujourd’hui, bien avant de devenir chroniqueur pour PassionMLB, j’étais un simple partisan des Expos qui voulait regarder son frappeur favori de l’époque, Henry Rodriguez, envoyer la balle par-dessus la clôture. J’avais 7 ans et j’étais encore loin de me douter que les WHIP, OBP et wRC+ feraient un jour partie de ma vie.
Ce qui m’intéressait, c’était d’aller au Stade olympique, remplir ma feuille de pointage et regarder la foule lancer des barres Oh Henry quand Henry Rodriguez frappait un coup de circuit.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Henry Rodriguez a passé deux saisons à Montréal en 1996 et 1997, puis est revenu clore sa carrière ici pendant 20 parties en 2002. Avant d’arriver avec les Expos, il n’avait jamais frappé plus de huit circuits en une saison et était méconnu dans la métropole québécoise.
Arrive 1996 et Rodriguez passe d’inconnu à l’idole des jeunes partisans des Expos. Il frappe 36 circuits, produit 103 points, participe au Match des étoiles et chaque fois qu’une de ses balles franchit la grande clôture du champ extérieur, une pluie de barres Oh Henry envahit la surface synthétique du stade.
Oh Bagarre générale
Ce qui nous amène au 12 août 1996. Les Expos recevaient les Astros de Houston et j’étais avec mes parents, et ma sœur derrière le troisième but pour la rencontre. J’appréhende la première présence de mon favori en deuxième manche et il ne me déçoit pas : un coup de circuit de deux points, son 30e de la saison. Tout enjoué que j’étais, le lanceur des Astros Danny Darwin la trouve moins drôle. En plus de ce circuit, il donne quatre autres points en troisième manche, dont les trois derniers sur un circuit de Darrin Fletcher, le frappeur tout juste devant Rodriguez dans l’alignement.
Voilà ce qui arrive à la présence suivante, celle de Rodriguez :
Après une première offrande à l’intérieur, Darwin atteint Rodriguez sur le tir suivant et le chaos s’en suit. Rodriguez s’embarque dans une partie de lutte avec Darwin, Moises Alou s’en prend à Shane Reynolds et son casque atteint le visage du gérant des Astros Terry Collins, l’ancien Expo Sean Berry, maintenant dans le camp ennemi, tente de régler ses comptes et le géant Jeff Juden se prend pour la mariée dans Kill Bill.
Pendant ce temps, l’enfant en moi n’y comprend rien. Une bagarre au baseball? J’en avais vu au hockey, mais au baseball? Ma sœur, d’un an et demi mon aînée, ne comprend pas plus. C’était tellement un spectacle inhabituel de voir autant de joueurs sur le terrain pour se battre.
Mais si l’enfant en moi n’y comprenait rien, l’adulte en moi a trouvé bien drôles les explications derrière la mêlée. Je cite Danny Darwin :
Je suis de la vielle-école. Rodriguez est resté au marbre pour regarder son circuit en 2e manche et il n’y a pas de place au baseball pour ça. On est en train de perdre le contrôle. Il y a 15 ans, personne ne faisait ça. Aujourd’hui, tout le monde à ses manies, ils regardent leur circuit, ils font des bats flips. Ça devient ridicule. – Danny Darwin, 1996
Le pauvre Darwin deviendrait fou aujourd’hui. Comme quoi les temps changent, mais les débats, pas vraiment!
Je garde aujourd’hui un vague, mais marquant souvenir. N’empêche que chaque fois qu’une bagarre générale éclate dans le baseball majeur, j’ai toujours une petite pensée pour mes Expos et Henry Rodriguez.