« Hey ! Le 12 septembre c’est la journée En équipe, on en parle. J’ai envie d’écrire un article sur le baseball et les commotions cérébrales, le sujet me touche particulièrement. »
Franchement, le MLB ce n’est pas la NFL ou la NHL.
T’es sérieux ? Y’a rien à dire sur le sujet.
Et pourtant.
Brandon Belt, probablement le cas le plus actuel. Commotion cérébrale en 2009 alors qu’il est atteint par une balle rapide en jouant pour l’Université du Texas dans les rangs NCAA. Commotion cérébrale en septembre 2015 sur une glissade au deuxième but en se cognant la tête contre le genou de son adversaire. 4 août 2017, autre commotion après être atteint à la tête par une balle courbe d’Anthony Banda. C’était sa quatrième commotion connue. Il a souffert d’épisodes de dépression majeure.
D’autres cas
Le 7 juillet 2010, un des meilleurs joueurs des Majeures à l’époque, Justin Morneau, se blesse dans une glissade au deuxième but dans un match contre les Blue Jays. Il ne sera plus jamais le même joueur par la suite.
Joe Mauer a été dans l’obligation de changer de position, passant de receveur à joueur de premier but dans le but de réduire les risques. Il avoue lui-même avoir joué deux ans avec une vision trouble au bâton. Encore cette saison, il éprouve des symptômes de commotions cérébrales qui l’ont empêché de jouer.
Le 31 mai 2006, l’ancien récipiendaire de plusieurs gants d’or Mike Matheny se voit forcé de prendre sa retraite alors que son médecin refuse de lui donner le feu vert pour un retour au jeu. Ce dernier a cependant continué d’évoluer dans le monde du baseball, étant jusqu’à tout récemment gérant des Cards de St-Louis.
Hector Sanchez a été libéré par les Giants après avoir subi, au mois de mai, sa huitième commotion.
Le nombre de receveurs qui ont eu des commotions après avoir été atteints en plein masque par une fausse balle ou encore de glissades aux marbres de la part des coureurs est impressionnant.
Corey Koskie, Jason Bay, jusqu’au suicide de Ryan Freel qui est probablement l’histoire la plus triste de ce sport relié aux commotions.
Donc, oui, même si ce n’est pas aussi prépondérant que dans les autres sports, le fléau des traumatismes cérébraux crâniens touche aussi le baseball.
Ça n’arrive pas juste aux sportifs
Venant tout juste de célébrer mes 30 ans, j’ai un historique fort élevé quant au nombre de chocs cervicaux subis durant mes trois décennies de vie. Je vais garder pour moi le nombre exact que j’ai eu pour ne pas faire peur à ma mère lorsqu’elle lira l’article, mais c’est assez significatif.
La plus récente est survenue au mois d’octobre 2017. J’ai senti que cette dernière était différente des autres, c’était celle de trop. J’ai été en arrêt un mois entier. Les effets secondaires et les symptômes étaient différents. Je sais qu’il y a quelque chose de différent chez moi depuis. Je sais que je suis moins futé qu’avant. Ce n’est pas tant la mémoire qui est affectée, même si elle l’est, mais, dans mon cas, ma capacité d’assimiler l’information.
À l’école, du primaire à l’université, jamais je ne prenais de notes, je n’en avais pas besoin. Ça rentrait tout seul. Depuis, il faut que je prenne des notes ultra-détaillées concernant toute nouvelle tâche. Même si je répète les mêmes tâches chaque semaine au travail, je dois me référer à mes notes, car on dirait qu’il y a toujours un petit détail que j’oublie.
Cacher sa blessure
J’entends souvent, que ce soit dans mon entourage ou dans les médias, que ce sont les joueurs les pires lorsqu’ils mentent sur leurs symptômes de commotion. Que ce sont eux qui vont subir les répercussions à long terme. Bien personnellement, les joueurs, je les comprends. Durant mon parcours académique universitaire, j’ai subi plusieurs commotions. J’avais mal à la tête, mais j’allais à mes cours. Je n’étais tout de même pas pour annuler mes sessions, échelonner mon bac sur 7 ans. Imaginez-vous les coûts reliés en plus à tout ça !
Sans compter la pression palpable des proches, familles et amis, qui te disent à quel point ils ont hâte pour toi que tu finisses et qu’ils sont fiers de toi. À ma première session, je sortais des cours brûlé. Mon stage, je l’ai fait conjointement avec les symptômes. C’est comme ça!
Une question de dollars… et de pression
Imaginez donc un instant, un athlète professionnel, baseball ou autre sport, qui subit une commotion cérébrale alors que des millions de dollars sont en jeux. Tu ne veux pas perdre ta place dans l’alignement en te faisant tasser par un plus jeune que toi qui ne veut juste que ça lui, graduer dans les Majeures. Disons que tu ne veux pas être exclu de l’alignement et que soudainement l’équipe se met à gagner. À ton retour, tu ne veux pas que l’entraîneur t’oublie et ne veux pas briser la chimie dans son alignement gagnant. Tu ne veux pas voir tes stats dégringoler.
De la pression, tu en as de partout, parents, famille, amis, agent. Le sport, c’est ta vie, tu ne connais rien d’autre. Tu veux signer le gros contrat qui va faire en sorte que les gens que tu aimes vivront en paix. Tes coéquipiers comptent sur toi. Tu veux goûter aux séries éliminatoires et remporter la Série mondiale, ce pour quoi tu as tant fait de sacrifices. Tu ne veux décevoir personne, toi le premier.
Chaque cas est unique
J’ai eu des commotions ou les symptômes ont duré deux jours. D’autres, une semaine. Ma première commotion à vie, deux semaines. Ma deuxième commotion, survenue trois mois après la première, m’a pris des mois à m’en remettre. Les symptômes aussi sont différents. Parfois, ce sont des maux de tête intenses. D’autres, c’est une fatigue généralisée. Je sais qu’il s’agit d’un blogue de balle, mais lorsque Sidney Crosby est revenu au jeu le match suivant sa commotion lors des séries éliminatoires contre Washington il y a deux printemps, je peux le croire qu’il ne ressentait plus les symptômes. Cependant, son cerveau restait fragile.
Pour la postérité de ma vie, évidemment, je souhaite ne plus vivre d’épisodes de commotions cérébrales. Or, je sais que mon cerveau est fragile et, je l’avoue candidement, je suis terrifié pour le futur. Je souhaite sincèrement faire ma part dans la prévention de la santé cervicale, j’ai l’humilité de penser que cet article est un bon début.