Bagarre dans le vestiaire : un problème plus profond

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Maxime Lauzier

Publié le 6 septembre 2018 à 15h00

Rien ne va plus à Seattle.

Tel que rapporté par The Associated Press, une intense bagarre a éclaté dans le vestiaire de l’équipe de l’état de Washington avant leur rencontre de mardi dernier face aux Orioles de Baltimore. Le conflit ne voulant pas s’arrêter, les joueurs ont même été dans l’obligation d’expulser les journalistes du vestiaire.

Les deux joueurs à l’origine du conflit? Jean Segura et Dee Gordon. Ce dernier s’est d’ailleurs retrouvé aplati au sol, devant le regard des médias. Tant l’entraîneur que le controversé joueur étoile Robinson Cano ont cherché à minimiser l’incident auprès des membres des médias.

Ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire. (…) Personne n’est affecté. Tout le monde est correct, on est passé à autre chose, a expliqué Cano.

Du côté de l’entraîneur des Mariners, Scott Servais, ce dernier a expliqué qu’avec le genre de saison que son équipe connaît, il se peut que le niveau de frustration monte.

C’est malencontreux, mais ça arrive. (…) Ça arrive plus souvent qu’on peut le penser. À chaque année même. Parfois, ça permet de rassembler les joueurs ensemble.

Photo: The Seattle Times

Pour l’histoire, Seattle s’est incliné 5-3 à la suite d’une poussée de quatre points des Orioles en 7e manche. L’effet de rassemblement ne s’est donc pas produit. Mais le problème est plus profond.

L’esprit d’équipe

Étant titulaire d’un baccalauréat en communication relations humaines, je suis spécialiste de la dynamique des groupes. À mon sens, Cano et Servais ont beau banaliser l’incident, il reste que cela en dit long sur l’esprit d’équipe et le leadership au sein des Mariners.

Avant d’en arriver à la violence, plusieurs pistes de solutions existent afin d’arriver à un compromis, une solution pour atteindre la cible commune qui est de faire les séries en premier lieu et de remporter la Série mondiale ensuite. La médiation en est une.

Ce genre de conflit n’éclate pas sans hasard, du jour au lendemain. Un bon leader dans le vestiaire, joueur ou entraîneur, aurait pris les deux joueurs à part et aurait fait en sorte d’éteindre les feux. Avoir été ce gars-là, j’aurais payé une bière ou un souper aux deux gars pour qu’ils discutent, apprennent à mieux se connaître, mieux comprendre le point de vue et la réalité de l’autre, dans un climat convivial. J’aurais insisté sur les similitudes et honoré les différences.

En relations humaines, il faut savoir se comporter en adulte et parler en adulte à autrui. Traiter l’autre comme on aimerait être traité. Jean Segura étant à X et Dee Gordon à Z, quels compromis auraient-ils pu faire pour en arriver à Y? Là est l’art de la saine communication dans le dialogue.

Photo : : Jennifer Buchanan-USA TODAY Sports

L’impact de ce conflit

Si le club pense qu’une fois la bagarre éclatée, tout le méchant qui avait à être sorti est sorti, il se trompe. Rien n’a été réglé, seulement les tensions ont été reportées à plus tard. On ne sait pas ce qui s’est dit, mais si rien n’est fait, des cliques se formeront. Certains seront les gentils, les autres les méchants, tout dépend de la paire de lunettes de celui qui regarde.

Je conseille fortement d’ouvrir une discussion de groupe, ayant pour but de trouver, collectivement, des mécanismes pour gagner. J’intitulerais la séance : Quoi faire pour rentrer en séries? Ensuite, j’aurais demandé à chacun des joueurs ce qu’eux, individuellement, peuvent apporter à l’équipe pour que celle-ci mette fin à la disette de 17 ans sans participation aux séries éliminatoires. Qu’est-ce qui rend leur présence unique dans le vestiaire et qui permet au club de gagner? En quoi ils s’engagent à faire et mettre en valeur d’ici la fin du calendrier afin d’obtenir le résultat escompté. Cela est rassembleur et inspirant pour le groupe. S’exprimer via un électrochoc du genre est beaucoup mieux que de le faire via la violence!

Abrupte fin de saison

Après un début de saison fulgurant, les choses se sont envenimées pour les Mariners. Étant parmi les favoris pour remporter leur division à un certain point, ils se sont vu faire damer le pion par les champions en titre, les Astros de Houston, ainsi que les surprenant A’s d’Oakland. Ces derniers ont, au moment d’écrire ces lignes, une avance de 5.5 matchs sur les Mariners quant à la dernière place du wild card donnant accès aux séries. Avec encore 22 parties au calendrier régulier, dont la moitié à la maison, tout n’est pas encore perdu. La série à la maison contre Oakland les 24-25-26 septembre prochain sera des plus déterminantes, si bien sûr l’équipe ne s’écroule pas d’ici là, notamment suite à l’altercation. Tel que mentionné plus tôt, ils sont en voie de rater les séries éliminatoires encore une fois, eux qui y ont participé pour la dernière fois en 2001. Cette disette constitue d’ailleurs la plus longue du genre dans les Majeures.

Source : Montreal Gazette

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