Comment ne pas aimer Felix Hernandez? Un lanceur au talent pur doté d’un charisme évident. Proclamé roi par ses nombreux partisans, King Felix prouve sa valeur saison après saison. Depuis son entrée dans les Majeures à 19 ans, il supporte à bout de bras la rotation de son équipe, les Mariners de Seattle. Il possède, sans aucun doute, l’étoffe nécessaire pour le faire. Du moins, il l’a prouvé lors de la dernière décennie.
À 31 ans, cette étoffe commence quelque peu à faiblir. On sent que son style agressif est en train de le rattraper. Pourtant, 31 ans, c’est encore bien jeune pour un lanceur. Entre les deux oreilles, il entre, normalement, dans les plus belles années de sa vie. Les années où la maturité et l’expérience prennent la place de la fougue et de la nonchalance.

Pour le Roi Felix, la trentaine est synonyme de blessures. Lors des deux dernières saisons, il s’est retrouvé sur la liste des blessés (épaule et coude droit) à quatre reprises. Un endroit pourtant inconnu pour lui. Cet endroit qui remet les choses en perspective pour un lanceur qui avait pris l’habitude de lancer au-delà de 230 manches par saison sans retenue. Pour un lanceur qui affrontait chacun des frappeurs avec tout ce qu’il avait dans le bras. Malheureusement, à 31 ans, ce bras que l’on considérait indestructible montre des signes alarmants. Le bras de caoutchouc d’Hernandez est entaillé.
Pour revenir en force en 2018, Felix doit prendre la saison morte au sérieux. Selon Jerry DiPoto, directeur général des Mariners, Hernandez travaille davantage la flexibilité de son épaule plutôt que la force. Il entend arriver prêt au début du camp d’entraînement.
Qui blâmer?
Est-ce que les blessures récurrentes des dernières saisons sont totalement de sa faute? J’ose croire que non. En douze ans dans la Cité d’Émeraude, Hernandez n’a jamais été véritablement épaulé dans la rotation (aucune référence à sa blessure à l’épaule). Il s’est avéré le seul et unique cheval de bataille sur la butte à Seattle. Malgré des exploits incroyables sur le monticule à ramer plus fort que tout le monde, le résultat collectif à la fin de la saison s’est toujours avéré négatif. Jamais il n’a participé à un match éliminatoire. Ces douze dernières saisons, les Mariners en ont demandé énormément à leur as, et maintenant, par la force des choses, ils en paient le prix. Un prix d’environ 27 millions par saison jusqu’en 2019 pour un bras plus qu’incertain.
DiPoto a mentionné vouloir imposer une utilisation plus intelligente du lanceur étoile en 2018. Le nombre de manches sera restreint. Le nombre de lancers le sera aussi. On veut commencer à épargner l’épaule d’Hernandez. L’idée est bonne, mais le timing est douteux. Les dirigeants à Seattle, par leur manque de prévoyance, doivent certainement s’en mordre les doigts aujourd’hui.

Que lui réserve l’avenir?
La question que je me pose : est-ce que King Felix peut redevenir LE King Felix? Ses statistiques des deux dernières saisons se situent bien en deçà de ses propres standards. Par sa vulnérabilité, il ne semble plus aussi intouchable et intimidant. À Seattle, on est en bonne position pour remettre enfin une équipe compétitive sur le terrain. James Paxton, le doué lanceur canadien, est en train de ravir la place d’as de la rotation à Hernandez. Ce qui, dans un sens, est une excellente nouvelle pour le Vénézuélien. Il peut enfin compter sur un soutien significatif dans la rotation.
Avec les Astros qui dominent largement la division Ouest de l’Américaine et les Angels qui présenteront une équipe améliorée et réinventée, les Mariners réagissent bien dans l’entre-saison. L’ajout surprise de Dee Gordon amènera du dynamisme dans le haut de cet alignement déjà bien constitué. Le DG DiPoto, reconnu pour être très actif sur le marché des transactions, n’a probablement pas terminé son magasinage. Il voudra certainement renforcer sa rotation d’ici le début de la saison.
Une équipe compétitive, une rotation plus équilibrée, une utilisation adéquate; tous des facteurs qui jouent en faveur d’un retour en force de King Felix. Avec un Cy Young (2010), 160 victoires, 2342 retraits au bâton et, espérons-le, encore plusieurs bonnes années devant lui, il pourrait devenir un cas sérieux pour le Temple de la renommée qui couronnerait sa brillante carrière. Sa santé est cruciale dans l’équation. Peut-il malgré tout redevenir le lanceur dominant à Seattle? Peut-il reprendre son trône? Le principal intéressé, lui, en est convaincu.