Eric Hosmer : un bilan peu flatteur d'une première saison décevante

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Maxime Lauzier

Publié le 10 novembre 2018 à 7h00

Quand Eric Hosmer a bénéficié de son autonomie complète pour la saison morte 2017-2018, il s’est mis dans la meilleure position possible. Il venait de connaître sa meilleure saison en carrière (.318/.385/.498) et il était représenté par nul autre que Scott Boras. Une très belle recette pour que le joueur préféré de mon collègue Charles-Alexis Brisebois fasse (un peu trop) sauter la banque. Boras a lancé son appât et ce sont les Padres qui ont mordu à l’hameçon le 19 février 2018.

*Note de Charles-Alexis : mon joueur préféré… pousse, mais pousse égal!

Une saison après que l’ancien des Royals ait déniché un contrat de 144 millions de dollars sur huit ans, je me prête à un exercice que je veux faire depuis un peu plus d’un mois déjà : le bilan de l’année 2018 d’Eric Hosmer.

Des signes précaires

Avant même que le contrat ne soit signé, je remarquais déjà des signes précaires en défilant ses sept saisons à Kansas City. J’y ai remarqué une tendance à connaître une bonne saison sur deux. De plus, son BABIP (Batting Average on Balls In Play) de .351 nous laissait croire qu’il avait peut-être joué un tantinet au-dessus de son niveau en 2017, cette statistique qui se maintient normalement aux alentours du .300 pour l’ensemble des joueurs de la ligue.

Une première saison très décevante

Les Padres comptaient donc sur une deuxième bonne saison de suite de la part d’Hosmer . Disons que leurs attentes vis-à-vis leur nouveau joueur de premier coussin ont été refroidies par une campagne décevante, mais attendue si l’on se fie à la logique de sa carrière.

  •  Ligne de frappe de .253/.322/.398
  •  18 circuits et 69 points produits
  •  WAR de 1.4

Ses chiffres, il les a cumulés alors que son nom était fréquemment inséré au deuxième, troisième ou quatrième rang. De quoi faire mal à l’offensive des siens, qui a d’ailleurs terminé au 28e rang des Majeures au chapitre des points marqués. Qui plus est, il n’a pas donné quelconque espoir qu’il pouvait retrouver sa forme de 2017 aux partisans des Padres – oui, il y en a – en frappant pour .259/.330/.399 après le Match des étoiles. Au moins, Hosmer a su s’adapter à son nouveau domicile (OPS de .806 au Petco Park).

Le pourquoi derrière cette mauvaise campagne

Pour expliquer les déboires d’Hosmer, il ne faut pas chercher trop loin. D’abord, il a été retiré sur des prises un peu plus d’une fois à chaque cinq présences au bâton (21%) comparativement à 15.5% en 2017. Bien qu’il soit meilleur que l’ensemble des joueurs de la  Ligue dans cette catégorie (22.3%) et que d’autres joueurs ayant été passés dans la mitaine plus fréquemment que lui ont beaucoup de succès, – lire ici Javier Báez –  Hosmer a mélangé un autre mauvais ingrédient à sa recette de 2018.

Eric Hosmer
Photo : Sportsnet

Trop de frappes au sol!

60.4% des balles qu’il a mises en jeu se sont avérées être des roulants (deuxième plus haut taux dans les Majeures), seulement 19.9% de ses frappes ont été des flèches et 19.7% (deuxième plus faible pourcentage dans la MLB) ont été des ballons. Quand on sait que les flèches et les ballons – bien que la moyenne au bâton pour ce type de frappe est plus faible que les roulants – sont les deux frappes qui font le plus de dommage, on comprend pourquoi la moyenne de puissance d’Hosmer s’est maintenue sous les .400.

Brooks Baseball
Capture d’écran : BrooksBaseball.net

Cette image illustre très bien la difficulté d’Eric Hosmer à soulever la balle. En prime, il vous est permis de constater son pourcentage de roulants frappés séparés en 25 emplacements.

Moins de discipline à la plaque

Si l’on compare sa discipline à la plaque de 2017 avec celle de 2018, on remarque un Hosmer qui fait moins contact avec la balle et qui est un peu plus impatient au bâton. Son O-Swing% (élan sur des balles hors de la zone des prises) a augmenté de 3.1 points de pourcentage et son Swing% (pourcentage d’élans) de 1.5 point. Cependant, ce qui saute le plus aux yeux, c’est son Contact% (pourcentage de contact) qui a chuté de 5.5 points.

Fangraphs
Capture d’écran : FanGraphs.com

Et le positif dans tout ça?

À ma grande surprise, Eric Hosmer a excellé contre les défensives spéciales en 2018. Il a récolté 59 coups sûrs en 158 présences au bâton contre cette stratégie, bon pour une moyenne au bâton de .376.

Il a bien utilisé l’ensemble du terrain (39.2% de ses frappes au centre 29.0% au champ opposé) et le tout se reflète très bien dans sa spray chart :

Spray Chart
Capture d’écran : FanGraphs.com

Cependant, je crois que l’élément le plus positif est le suivant : ligne de frappe de .295/.368/.462 contre les lanceurs droitiers.

Peut-il rebondir?

Comme je l’ai mentionné plus haut, Hosmer nous a habitués à connaitre une mauvaise saison pour ensuite se relever et ainsi de suite. Une question mérite donc d’être posée : pourra-t-il rebondir comme il a su le faire auparavant? Le premier signe positif est l’âge. Hosmer entamera la prochaine saison âgé de 29 ans donc il lui reste, normalement, encore quelques-unes de ses meilleures années devant lui.

Cela dit, les Padres auraient peut-être intérêt à le retirer un peu plus souvent de leur alignement contre des lanceurs gauchers. Celui qui est originaire de l’état de la Floride a frappé pour .179/.240/.287 contre des pattes gauches, affichant le quatrième pire OPS de la ligue contre des artilleurs de cette latéralité. De plus, quelques ajustements apportés à son élan durant la saison morte, de sorte qu’il puisse cogner un peu plus la balle dans les airs, ne le nuiraient pas du tout.

Les Charles-Alexis Brisebois de ce monde se croisent maintenant les doigts pour que leur protégé rebondisse de brillante façon.

Sources : Brooks Baseball | Fangraphs | Baseball Reference

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