On est en 2004, à peu près à cette date-ci. Le sommet de la colonne des circuits est occupé par un jeune vétéran de six saisons « correctes sans plus », Adrian Beltre. Pas Barry Bonds ou Albert Pujols. Adrian Beltre, la surprise.
Je me rappelle, lors de la course aux longues balles, m’être dit à plusieurs occasions: « Ce gars-là va s’effondrer » ou « La chute sera brutale » ou « Mais qui est donc ce Adrian Beltran? » Il ne s’est jamais effondré, la chute n’a jamais eu lieu et j’ai fini par comprendre qu’il n’était pas Carlos Beltran.
Dès la saison suivante, Beltre signe un lucratif contrat d’agent libre avec les Mariners de Seattle. Les vagues sont beaucoup moins fortes qu’à sa « breakout season » de 2004. Ses cinq années à Seattle passent sans faire de bruit, accumulant les statistiques satisfaisantes (seulement satisfaisantes) et raflant deux gants dorés au passage.
C’est en 2010, à l’âge de 31 ans, que Beltre est invité pour la première fois au Match des étoiles. Lors des sept saisons suivantes, il est dans la course au MVP de l’Américaine. Trois bâtons d’argent. Trois gants dorés. Et, enfin, un peu de reconnaissance.
Dans l’âge où la plupart des athlètes professionnels voient leur capacité s’affaiblir, Beltre a continué de progresser. Dans l’âge où l’on tente de trouver des solutions pour étirer sa carrière, Beltre nous prouve, plus que jamais, qu’il est un joueur de balle exceptionnel.
Beltre parmi les légendes
Sans dénaturer la régularité de ses performances en première moitié de carrière, Beltre a assuré son entrée à Cooperstown en deuxième moitié. Ses statistiques post-2009 le prouve largement. Son WAR de 54.5 après l’âge de 30 ans se retrouve au 15e rang de tous les temps.
Jetez un oeil aux 14 premiers et vous comprendrez l’ampleur de l’exploit. Bonds, Wagner, Mays, Ruth, Aaron, Cobb, Musial, Williams, Clemente, Schmidt. Tous ont leur bague du Temple de la renommée. Tous ont leur statue de bronze et un statut de légende. Ce statut coule dans les veines de Beltre.
Pour moi, le nom d’Adrian Beltre sera toujours synonyme de « sous le radar ». J’avoue être resté stupéfait lorsqu’il a frappé son 3000e coup sûr. Comme si je ne l’avais pas vu venir. Il vient de frapper son 475e coups de circuit. Seulement 29 joueurs dans l’histoire en ont frappé plus que lui. Seul un média obscur de la région de Dallas en a fait une manchette. J’exagère, mais vous comprenez mon point.
Il a maintenant une décision à prendre pour la suite des choses. Par élan de popularité, les Texans ne veulent pas le voir partir. Comme joueur ou même comme manager (à la blague), ils sont prêts à lui faire une place. Cette popularité, il ne l’a pas volé. Cette reconnaissance, il est allé lui-même la chercher. Sa place parmi les plus grands, il l’a pleinement méritée.