Tous les joueurs de balle veulent avoir l’opportunité de faire la différence. En fin de match, un seul élan peut définir la victoire ou la défaite. Qui sera le plus « clutch » lorsque sera lancée la dernière balle du match?
Mercredi soir, Ryan Zimmerman des Nationals de Washington s’est présenté à la plaque avec deux retraits, tirant de l’arrière 7-6 face au releveur des Phillies de Philadelphie, Seranthony Dominguez. À ce moment, Juan Soto se trouve au deuxième coussin après avoir frappé un double dans la droite. Soto a réussi une partie du travail. Au tour de Zimmerman de le conclure.
La foule se fait entendre. Elle sait que Zimmerman, avec ses dix walk-off homeruns en carrière, est le frappeur le plus « clutch » de l’histoire de l’équipe. Dans ces moments-là, qui de mieux que Mr. Walk-Off? Un coup sûr, c’est l’égalité. Un coup de circuit, c’est l’apothéose. Un retrait, les partisans s’en retournent à la maison la queue entre les deux jambes.
Après trois balles glissantes s’éloignant du frappeur, on avait l’impression que Dominguez jouait de prudence avec Zimmerman. Avec Wieters au cercle d’attente, ça aurait été une sage décision. Mais il est revenu avec une balle rapide qui est restée en plein coeur du marbre et Mr. Walk-Off a évidemment saisi cette opportunité. La balle retroussée s’est retrouvée tout juste de l’autre côté de la clôture. On a même eu besoin d’une concertation entre arbitres pour confirmer le coup de circuit. Victoire et apothéose.
Zimmerman rejoint Big Papi
Avec cette onzième longue balle décisive, Zimmerman rejoint David Ortiz et Tony Perez au huitième rang de tous les temps. Au sommet de la liste, le nouveau membre du Temple de la renommée Jim Thome trône avec 13 circuits décisifs en carrière.
À égalité à 12, Stan Musial, Babe Ruth, Albert Pujols, Mickey Mantle, Jimmie Foxx et Frank Robinson se partagent la deuxième position. Tous des légendes, vivantes ou non. Pujols, le meneur chez les joueurs actifs, pourraient bien ajouter un autre fait d’armes d’ici la fin de sa brillante carrière.
Cette liste représente bien l’ampleur de l’exploit de Zimmerman. À 33 ans, il a encore du bon baseball dans les jambes et il pourrait assurément, lui aussi, s’attaquer au record de Thome.
Les émotions font partie du jeu
Les apôtres de Bill James prétendent que le mot « clutch » n’existe pas au baseball. Que ce genre d’exploit relève de la coïncidence. Que de se retrouver dans une situation où l’adrénaline et le stress font partie du moment, et que l’individu (frappeur ou lanceur) n’en est pas affecté. C’est, selon moi, complètement insensé.
Le joueur doit sans contredit redoubler de concentration quand ce moment survient. Il doit être en mesure de regrouper ses émotions et faire fi de tous les obstacles psychologiques qu’apportent ce moment. Un état d’esprit que plusieurs connaissent, mais où la majorité échoue.
Ce n’est certainement pas une question de chance, de coïncidence ou d’opportunisme si Ryan Zimmerman se retrouve aujourd’hui à la conquête de ce record. Il a prouvé, onze fois plutôt qu’une, que dans ces grands moments, il répondait présent.
