Assis au Bill’s Bar de la Landsdown Street à deux enjambées du Fenway Park, je regarde furtivement NESN – le RDS de la Nouvelle-Angleterre et diffuseur officiel du baseball des Red Sox -, j’écoute les conversations des quelques dizaines de gérants d’estrades qui enfilent les Samuel Adams devant des photos de quelques vedettes des Sox du passé : Williams, Fisk, Boggs, Vaughn, Garciappara.
Cette saison, les partisans des bas rouges ont toutes les raisons d’avoir le cœur à la fête. Boston se dirige vers la saison la plus victorieuse du baseball majeur depuis près de 20 ans en amassant les victoires à la même vitesse que les serveuses de ce pub prennent les commandes en cette journée de canicule sur toute la côte est Américaine. Les Bostonnais ont soif, tant au sens propre que figuré.
Avec 80 victoires en ce début du mois d’août, les Red Sox se dirigent – si la tendance se maintient – vers une saison de 113 victoires, soit trois de moins que la saison exceptionnelle des Mariners de Seattle qui avaient arrêté le compteur à 116 en 2001, un record. Dans l’histoire des majeures, seulement cinq équipes ont réussi à franchir le cap « psychologique » des 110 victoires en une saison.
Il y a tout d’abord les Cubs de Chicago de 1906 avec 116. Il y a aussi les Pirates de Pittsburgh de 1909 avec 110, les Indians de Cleveland de 1954 avec 111. Aussi, les Yankees de New York de 1927 avec 110 et ceux de 1998 avec 114. Et enfin, les héritiers des Pilots de Seattle, les Mariners, en 2001, avec 116.
Laissez-passer direct?
Mais est-ce qu’une saison de plus de 110 victoires permet à une équipe de passer automatiquement GO et réclamer une Série mondiale ? Regardons de plus près.
À l’exception des Indians de 1954 et des Mariners de 2001, autant les Cubs de 1906, les Pirates de 1909, que les Yankees de 1927 et ceux 1998, ont remporté la Série mondiale après avoir enregistré une saison de plus de 110 victoires. Sur les cinq équipes avec une fiche de plus de 110 victoires en saison régulière, seule celle des Mariners n’a réussi dans la même année à atteindre la Série mondiale. En 1954, les Indians s’étaient inclinés en quatre matchs face aux Giants de New York et leur jeune vedette : Willie Mays.
Si les Red Sox continuent à empiler les victoires, leur saison va s’inscrire au tableau des grandes saisons du baseball et du sport professionnel aux côtés de celle de la Sainte-Flanelle de 1976 avec ses 60 victoires et huit défaites seulement en saison régulière ou encore le 14-0 des Dolphins de Miami dans la NFL sous la férule de Don Shula en 1972.
Et à voir comment Boston a dominé les Bombardiers du Bronx le week-end dernier ou encore remonter la pente mardi contre les pauvres Blue Jays pour gagner en 10e manche 10-7, tout est possible et ce que nous pourrions appeler l’effet 110 a de quoi enflammer l’enthousiasme des nombreux fans des Red Sox.