Le recours collectif de Brian Flores fait jaser dans la MLB

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Charles-Alexis Brisebois

Publié le 3 février 2022 à 8h30

Vous avez sans doute vu passer dans les derniers jours le recours collectif intenté par Brian Flores (ancien entraîneur des Dolphins de Miami dans la NFL) contre la ligue et trois de ses équipes.

Voici un résumé du dossier.

  • Les Giants de New York lui auraient fait passer une entrevue en sachant très bien qu’ils avaient déjà choisi un autre candidat. Pourquoi? Pour respecter la Rooney Rule, qui exige de passer en entrevue une personne issue d’une minorité pour chaque poste d’entraîneur ou de directeur général. Il l’aurait su grâce à un texto de Bill Belichick destiné à la mauvaise personne.
  • Les Broncos de Denver, pour les mêmes raisons, l’auraient passé en entrevue sans avoir l’intention de l’engager il y a quelques années. Les dirigeants du club sont arrivés éméchés lors de l’entrevue.
  • Les Dolphins de Miami (son club des trois dernières années) lui auraient offert 100 000$ par défaite à ses débuts – quand le club cherchait à perdre – et l’auraient forcé à faire du maraudage pour engager un quart-arrière qu’on croit être Tom Brady, son ancien joueur en Nouvelle-Angleterre.
  • La NFL est aussi du lot pour l’inciter à changer ses pratiques.

Évidemment, pour un entraîneur qui est dans la fleur de l’âge (les Saints et les Texas, en plus des Giants, lui ont parlé récemment pour le poste d’entraîneur), le risque est grand. Il sait qu’il risque de ne pas se retrouver un poste dans la NFL, mais il sent qu’il doit aller de l’avant.

Il ne le fait pas que pour lui, mais pour les autres dans le monde du football.

Mais forcément, cela a des échos partout dans la société, dont dans le monde du baseball. À la balle, plusieurs joueurs noirs évoluent sur les terrains du circuit Manfred, mais peu de gérants ou de DG sont noirs.

Cela a notamment fait réagir Marcus Stroman (pour ne nommer que celui-là), qui multiplie les tweets depuis la sortie du recours collectif.


Cela a aussi fait ressortir une histoire concernant Felipe Alou, qui a vécu une histoire semblable. Un soir de 2002, alors qu’il venait à peine de quitter Montréal, Alou a été appelé à 22h par les Red Sox, lui demandant d’être à Fort Myers (où ils sont installés en Floride) à 8h le lendemain matin.

Alou a traversé la Floride à la dernière seconde pour y être. Les Sox l’ont fait attendre toute la journée et ils l’ont passé en entrevue en étant, selon ses dires, « surpris de ses connaissances sur l’organisation ». Il est reparti durant la nuit sans qu’on ne lui offre du logement pour la nuit.

Il s’est fait appeler rapidement par les Sox pour se faire dire qu’il n’avait pas eu l’emploi, que Grady Little était l’heureux élu. C’est là qu’il a compris qu’il était là simplement pour que Boston puisse se targuer d’avoir passé un Dominicain en entrevue.

Il a eu la puce à l’oreille quand un journaliste de Boston l’a appelé en lui mentionnant que les Sox sentaient qu’il « n’avait pas l’air intéressé par l’emploi ».


Il a finalement su, des années plus tard, que le proprio des Red Sox le voulait, mais qu’il n’était pas le favori des autres.

C’est un autre exemple parmi tant d’autres dans le monde du baseball (parce qu’il y en a certainement des dizaines ailleurs dans les autres équipes), et ce, même si la Rooney Rule n’existe pas au baseball.

L’autre partie du recours collectif de Flores (100 000$ par défaite, ce qu’un ancien entraîneur des Browns confirme aussi avoir vécu) fait aussi écho dans la MLB. Après tout, des équipes qui veulent perdre, il y en a plusieurs. Est-ce que de telles pratiques sont coutumes au baseball aussi?

Cela nous permet de comprendre certains joueurs de pousser fort au moment où les négociations syndicales battent leur plein.


Il y a clairement une culture à changer dans le monde du sport et Brian Flores a pris un gros risque au niveau personnel pour arriver à pousser dans la direction du changement.

Quand on lit les témoignages, qui sont de plus en plus nombreux, sur le sujet, on en comprend l’importance.

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