Pouvez-vous vous imaginer un instant ce que ce serait de jouer au baseball comme à ses débuts, c’est-à-dire il y a 150 ans? Mains nues, une seule et unique balle, habit d’époque, etc.
Eh bien, pour une bande de gars et de filles de l’État du Tennessee aux États-Unis, c’est de cette façon qu’ils pratiquent le passe-temps favori des habitants de leur pays. Oui, vous avez bien lu! Comme vous, j’étais curieux d’en apprendre davantage, je suis donc rentré en contact avec The Kid, directeur média de leur association et, surtout, joueur depuis quatre saisons.
Nul besoin de machine à voyager dans le temps
Tout est fait selon les règles de l’art et respecte la tradition de ce sport de tradition qu’est le base ball (à l’époque, on écrivait le mot en deux parties). La Tennessee Association of Vintage Base Ball (TAOVBB) honore à la lettre le livre de règlements d’il y a un siècle et demi, plus précisément ceux de 1864.
Comme vous êtes à même de le constater sur les photos, les joueurs arborent l’uniforme tels leurs ancêtres. Les athlètes respectent le code de conduite d’antan ; ils peuvent donc être mis à l’amende par l’officiel pour comportement non-gentleman. Par exemple, cracher ou dire des jurons est interdit! D’ailleurs, oui la ligue demeure compétitive, or, ce qui la caractérise réellement est justement de se comporter en vrai gentleman et d’avoir un bon esprit sportif comme me le mentionne mon interlocuteur. Il n’y a pas de place pour les “machos”.
Les règles du jeu sont fort différentes de celles d’aujourd’hui, ce qui complique la vie des joueurs, mais qui en fait à la fois toute la beauté. Comprenez bien la nuance! Un retrait est comptabilisé même si la balle fait un seul bond au sol avant d’être attrapée. Or les coureurs sur les sentiers, eux, peuvent avancer quand même. Rappelez-vous, les joueurs ne portaient pas de gant à l’époque.
En cas de simple, les coureurs ne peuvent dépasser le premier coussin (overrun), car ils risquent d’être retirés. Cette règle est d’ailleurs celle qui a été le plus difficile à assimiler pour The Kid et pour la plupart de ses collègues.
Sachez que si je me réfère constamment au surnom de ce dernier, c’est que les vrais noms n’existaient pas dans les terrains de balles à l’époque (garden comme eux le disent). Le sien est en l’honneur de son joueur favori, Ken Griffey Jr. Sinon, voici quelques surnoms de ses coéquipiers : Meatball, Buttermilk, King Kong, Schoolboy. Pour vrai, je ne connais pas le nom de la personne interviewée… et c’est parfait ainsi.
De plus, les artilleurs lancent par en bas, le lancer tel qu’on le connaît aujourd’hui n’ayant été autorisé qu’à partir de 1884, et les arbitres ne décernent pas de balles ou de prises. Les coureurs ne peuvent glisser sur les buts. Pour les mordus d’histoire, la bière a fait son apparition dans les stades en 1882, en premier lieu à St-Louis. Il n’y a donc pas de bière froide ni pour les joueurs, ni pour les spectateurs.
Fouler des lieux historiques
Comme vous avez cru comprendre, la pratique de cette discipline se fait en respect de l’histoire, même jusqu’aux lieux où se déroulent l’action. Le plus beau moment pour The Kid est survenu en avril 2019, alors qu’il a eu l’honneur de défendre les couleurs de son équipe au Shiloh National Military Park, théâtre de la Bataille de Shiloh (6 et 7 avril 1862), événement majeur de la Guerre de Sécession américaine durant lequel 24 000 soldats ont combattu et péri.
Il y a de cela quelques années déjà, une balle identique à celle utilisée par la TAOVBB a été trouvée sur ce site avec écrit dessus « Battle of Shiloh 1862 », démontrant qu’il y a eu du baseball joué durant cette guerre! Du coup, 157 ans plus tard, le baseball était de nouveau joué sur ce sol.
Évoluer dans le respect de la tradition
Créée en 2012, la ligue est passée de deux équipes à 12 équipes de 15 joueurs en ce jour, tout en restant intègre à l’essence du sport. Je trouve cela formidable.
Grosso modo, les gars et les filles sont là pour avoir du fun après tout. La preuve, comme ils ne sont plus tous jeunes même s’ils retombent en enfance en jouant, ils se réunissent aux deux semaines, laissant le temps à leur corps de se remettre et de profiter de l’été. C’est relax, c’est cool, c’est un beau projet et surtout une belle histoire qui méritait d’être partagée. Pour les voir en action, vous pouvez visionner ce court extrait à partir de la 17e minute.
En dernier lieu, concluons ce billet telle la façon de s’encourager en 1864! HUZZAH!! HUZZAH!! HUZZAH!!
P.S. : Merci à mon ami Florent, mordu d’histoire, pour la passe sur la palette.
